Quels futur(s) possible(s) pour les mobilités de demain ?

23 février 2022

Temps de lecture : 8 min

Quels futur(s) possible(s) pour les mobilités de demain ?

Face aux enjeux actuels et à venir pour les mobilités, comment bougera-t-on demain ? En ré-invention permanente, les nouvelles mobilités devraient néanmoins se structurer autour de certains jalons majeurs, abordés synthétiquement dans cet article. Voilà ce qu’on peut imaginer…

Sobriété

Dans une planète de plus en plus densément peuplée, notamment en ville, et devant désormais compter avec des ressources énergétiques officiellement limitées, le tout dans un contexte de réchauffement climatique avéré lui aussi, la bonne idée ne serait-elle pas de bouger moins ?

Avec le développement du travail à distance, à marche forcée parfois, dans le cadre de la crise sanitaire, certaines solutions « cousines » deviennent de plus en plus socialement acceptables, et acceptées :

  • covoiturage
  • télémédecine
  • Horaires de travail décalés, pour désengorger les routes
  • Espaces de télétravail
  • Entreprises déconcentrées, qui multiplient les sites pour être au plus près du domicile de leurs employés

Des changements qui s’instaurent donc dans nos vies professionnelles comme personelles, mais qui restent encore à accompagner pour réussir totalement leur greffe sur nos modes de déplacement, et de vie.

Electrique

Perçu comme économique, agréable à conduire et peu polluant, le passage à l’électrique est l’une des avancées majeures de la mobilité de demain, et l’une des orientations qui devraient se confirmer nettement à (très) court terme.

Si l’autonomie (car limitée), le prix (car prohibitif pour les véhicules neufs) et l’impact sur l’environnement (notamment celui des batteries) sont encore pointés du doigt par les consommateurs comme des freins à l’achat, 87 % des Français sont désormais convaincus que le véhicule électrique est une solution à envisager pour la mobilité de demain.

Source : Baromètre national des infrastructures de recharge ouvertes au public – AVERE France

Rien que les annonces des constructeurs sur l’électrification de tout ou partie de leur gamme, à consulter en détail ici, montre que l’engouement pour la mobilité électrique est tout sauf un effet de mode :

  • BMW / 100 % électrique pour la marque « Mini » à partir de 2030
  • Ford / 100 % électrique (en Europe) à partir de 2030
    Hyundai : 100 % électrique (en Europe) à partir de 2035
    Jaguar Land-Rover / « Jaguar » en 100 % électrique à partir de 2025 / objectif de 60 % de véhicules électriques « Land Rover » dans les ventes mondiales en 2030
  • Lotus / 100 % électrique à partir de 2030
  • Mercedes / 100 % électrique à partir de 2030
  • Renault / Marque « Alpine » en 100 % électrique à partir de 2024/ Objectif de 90 % de ventes de modèles électriques et hybrides rechargeables en 2030, pour le reste des modèles du Groupe
  • Stellantis / « Alfa Romeo » en 100 % électrique à partir de 2027
  • DS / 100 % électrique à partir de 2024
  • Fiat / 100 % électrique à partir de 2030
  • Opel / 100 % électrique à partir de 2028
  • Peugeot / 100 % électrique à partir de 2030
  • Groupe Volkswagen : 100 % électrique pour « Audi » à partir de 2026
  • Bentley / 100 % électrique à partir de 2030
  • Seat / Skoda / Volkswagen / 100 % électrique d’ici à 2033
  • Volvo / 100 % électrique à partir de 2030

Autonome

Les véhicules de demain seront-ils tous nécessairement autonomes ? Pour certains, la réponse est évidemment « oui ». Pour la plupart, c’est encore un « oui mais… ». Les enjeux à relever dans le domaine du véhicule autonome :

  • écologique, avec des véhicules dont les composants sont encore trop consommateurs de ressources limitées et difficiles à recycler
  • énergétique, avec la nécessité – environnementale elle aussi – d’alimenter ces nouveaux véhicules avec des points de recharge en nombre suffisant, et proposant une électricité produite de manière durable, sous peine de ne pas remplir la promesse écologique
  • infrastructurel, pour adapter nos voies routières à cet usage particulier (en termes de marquage au sol notamment)
  • économique, car les prix d’achats de ce type de véhicule restent encore relativement prohibitifs
  • sociétal, pour rassurer les usagers sur la sûreté de ces véhicules

Et pourquoi pas l’hydrogène ?

Une plus grande autonomie que le véhicule électrique, mais avec des prix d’achats encore une fois prohibitifs (3 fois supérieurs à ceux d’un véhicule thermique classique), un cap à passer en termes de production d’un hydrogène durable et de disponibilité des infrastructures de recharge : voilà les principaux défis auxquels est encore confronté le véhicule à hydrogène, avant de pouvoir connaître son « grand soir« , en France et ailleurs.

Protection des données

Parce que les nouveaux services de mobilités sont de plus en plus numérisés, et sont même devenus pour une large partie dépendants des données qu’ils récoltent et utilisent en permanence, un enjeu
fort pour les mobilités de demain se dessine autour de la protection des données personnelles. Il s’agit ici de résoudre la tension entre l’accessibilité à la data – nécessaire au fonctionnement des nouveaux services de mobilité – d’une part, et la protection des données individuelles sensibles d’autre part.

Des écosystèmes de plus en plus complexes, qui interrogent la place de l’acteur public

En qualité de régulateur des transports, ou d’Autorité organisatrice de la mobilité (AOM), la puissance publique joue désormais sur un terrain qui accueille de plus en plus d’acteurs, classiques (transporteurs, constructeurs, loueurs, exploitants…) mais aussi beaucoup de nouveaux entrants (GAFAM..), dont il s’agit parfois de réguler les ardeurs, pour assurer un minimum d’unité et de structuration dans l’espace public, autour d’une vision commune sur la question des mobilités.

Un droit à l’expérimentation

Face à ces environnements mouvants, et la multitude de solutions disponibles et à venir, qu’il s’agit donc d’assembler et de mettre en cohérence, la place du régulateur public semble fondamentale. Pour dessiner le mix des mobilités adaptées à tel ou tel espace public, difficile cependant d’avoir des certitudes avant la mise en pratique. Il paraît ainsi tout aussi fondamental de reconnaître aux autorités organisatrices un droit à l’expérimentation, qui favorisera la création de connaissances sur les nouveaux usages, sur le mix de solutions de mobilité pouvant être mises en place à une échelle territoriale donnée… Et le partage de ces connaissances avec d’autres territoires, en guise de retours d’expériences et de fertilisation croisée. A condition que ces expériences soient correctement documentées et analysées…

Zoom sur la mobilité urbaine (de demain)

Un monde de plus en plus urbain

Censées être plus « smart », les villes du futur accueilleront surtout de plus en plus d’habitants. Selon l’Organisation des nations unies (ONU), plus des 2/3 de la population mondiale sera urbaine en 2050, alors qu’aujourd’hui seuls 55 % des êtres humains vivent en ville.

Rien qu’en France, « huit personnes sur dix résident [déjà] dans une unité urbaine et près de cinq sur dix dans une unité urbaine de plus de 100 000 habitants« , et seuls 13 % de la population française habitent encore dans des unités urbaines de moins de 10 000 habitants. (source : INSEE).

Des villes de moins en moins denses

Contre les préconisations en vigueur de la plupart des urbanistes, en tout cas ceux soucieux de développement durable et de préservation des terres agricoles, la ville ne se reconstruit pas « sur elle-même », mais s’étale de plus en plus. Stable dans les territoires ruraux, la densité de population diminue en effet dans les unités urbaines.

Quelles solutions de mobilités en ville ?

Dans le contexte de villes qui grandissent, qui s’étalent, et accueillent de plus en plus de monde, la problématique du trafic routier est évidemment la plus prégnante.

Transports collectifs…

En réponse à cette « saturation des villes », certaines d’entre elles misent logiquement sur les transports en commun (bus, trains, tramways, métros…), qui permettent de densifier le trafic, et de limiter la place de la voiture en ville. Avec deux enjeux spécifiques à relever toutefois pour ces transports de masse, dans les années à venir :

  • celui du mode de tarification pour faciliter l’accès de tous aux transports collectifs (tarification solidaire, voire gratuité dans certaines villes)
  • celui de l’interopérabilité des modes de transport (notamment avec les mobilités douces), en termes d’accessibilité, de desserte mais aussi de monétique avec des systèmes de type « Mobility as a as service« ), histoire de créer un parcours usager bien huilé, du point de départ à l’arrivée.

Mobilités douces et/ou nouvelles

En ville, l’avenir verra donc vraisemblablement le développement des transports collectifs, mais aussi leur (meilleure) articulation avec d’autres modes de mobilité. Leur point commun ? Un impact plus faible sur l’environnement (moins de pollution atmosphérique et moins d’émissions de gaz à effet de serre). Leur enjeu commun ? Réussir, encore une fois, leur interopérabilité avec les différents modes de transport, pour un parcours usager « sans couture », et une démocratisation de l’accessibilité des zones urbaines, du centre à la périphérie.

Des « Low Emission Zones » pour diminuer l’impact des transports sur la qualité de l’air et le climat

Certaines collectivités territoriales ont mis en place des politiques encore plus drastiques, en créant des « Low Emission Zones » (LEZ, ou zone à faibles émissions). En Europe, environ 200 villes d’Europe ont passé ce cap en interdisant l’accès aux véhicules les plus polluants en zone urbaine. (Voir le benchmark de l’ADEME sur le sujet).

A visionner

Un documentaire de Christian Vogel sur le futur des mobilités en villes, pour une compréhension globale des enjeux et nouvelles solutions envisageables, des plus classiques aux plus disruptives et futuristes, et leur implication en matière d’urbanisme, d’économie et sociales.

La Mobilité du futur dans nos villes, de Christian Vogel (All., 2019, 52 min)